Remise des diplômes de Centrale Nantes

Et hop... un petit discours lors de ma Remise des Diplômes de Doctorat dans la grande salle de la Cité des Congrès de Nantes.
Bon d'accord le diplôme de Docteur on ne le reçoit que quelques années plus tard car il faut douze milles signatures dessus mais bon...
En attendant, 2000 personnes comme auditoire c'est sacrement impressionnant. En attendant la vidéo, voici mon petit laïus.



Chers ingénieurs, chers parents, chers docteurs et chers collègues,

Depuis peu, l’Ecole Centrale de Nantes a souhaité remettre les diplômes de Docteur en même temps que ceux des ingénieurs. On pourrait s’interroger sur le pourquoi ?
La raison en est simple – élèves-ingénieurs et doctorants - nous sommes dans le même bateau…

Vous passiez devant tous les jours ! Que ce soit la piscine à vague ! Ou encore ce grand bâtiment ovale, faisant office de proue de bateau et diffusant son chant par grands vents ! Le bassin des Carènes pour le LMF et le bâtiment S pour l’IRCCyN, il s’agit là de 2 des 4 laboratoires que compte le site de l’Ecole Centrale de Nantes :
• le LMF, le Laboratoire de Mécanique des Fluides
• le GeM, l’Institut de Recherche en Génie Civil et Mécanique
• le Laboratoire de Mathématiques Jean Leray
• et enfin l’IRCCyN auquel j’appartiens, l’Institut de Recherche en Communication et Cybernétique de Nantes

Et oui, il y a donc autre chose que les « cours » à l’Ecole Centrale. Bien sûr il y a vos activités extra-scolaires sur lesquelles Boris reviendra toute à l’heure ; mais sur le campus il y a aussi de la recherche et des chercheurs. Car pour beaucoup d’entre nous, nous avons deux casquettes : « enseignant » et « chercheur ».
Pourquoi je dis nous ? Car j’ai soutenu ma thèse il y a maintenant presque un an et depuis cette rentrée scolaire 2008, j’ai été embauché par l’Ecole Centrale comme maître de conférences ; faisant ainsi parti de la grande famille des 250 enseignants qui vous ont formé.

Beaucoup parmi vous pense surement que ces chercheurs sont un peu décalés et qu’il faut être encore plus fou pour surenchérir avec 3 ans d’études après son diplôme d’ingénieur !
C’est vrai que BAC+8 peut paraitre beaucoup ; mais l’essentiel n’est-il pas de trouver un métier qui nous fasse vivre, et surtout qui nous plaise ? Nous allons travailler pendant plus de 40 ans de notre vie alors autant faire le bon choix. Les entreprises privées sont une solution mais la recherche scientifique en est une autre.

Avoir une idée ; la développer ; imaginer un « bidule » pour la matérialiser ; et parcourir le monde pour le montrer et semer des graines d’idées… la recherche scientifique est un vrai parcours de vie !
A ce titre, je souhaite excuser en leurs noms, tous les Docteurs de l’Ecole Centrale ne pouvant être présents cette après-midi. Beaucoup d’entre eux sont justement en train de sillonner les routes de France ou du monde pour diffuser leur savoir-faire. Qu’ils soient en post-doc, dans une autre école ou en entreprise.
Tout comme il y a 208 ans, si Galvani et Volta n’avais su dépasser ces montagnes géographiques et franchir les barrières idéologiques, peut-être que nous n’aurions jamais eu d’électricité !
Car la recherche scientifique ce n’est pas que de l’abstrait ! Certes, il y a des recherches fondamentales ; mais elles vont rythmer les recherches plus appliquées.

Pour ma part, j’ai réalisé une thèse dite fondamentale, grâce à une allocation du ministère de la recherche. Et pourtant, j’ai tenu à ce que mes travaux soient également appliqués.
Lors de ma soutenance, un des membres de mon jury m’a décrit comme le « resusciteur des machines anciennes ». Cette description peut faire sourire, mais elle traduit parfaitement l’idée principale de mes travaux.
De nos jours, lorsque l’on parle de Patrimoine, on pense aux châteaux, aux vieilles pierres… mais ce ne sont là que des choses matérielles. Alors qu’en est-il des machines et du savoir-faire que les hommes vont emporter avec eux lorsque les sites industriels sont arrêtées ? C’est un peu comme un puzzle dont les pièces s'usent et disparaissent au fur-et-à-mesure emportant toute la connaissance technique, « de l’humanité ». Alors si l’on ne veut pas réinventer la roue, ou la bielle-manivelle, mes travaux de recherche ont permis - non pas de tout sauvegarder – mais de trouver une méthodologie pour « sauver » ce patrimoine immatériel. C’est ce que l’on appelle désormais l’Archéologie Industrielle Avancée.

L’idée était simple. Aujourd’hui, pour créer nos objets industriels, les entreprises utilisent la Conception Assistée par Ordinateur, la numérisation 3D ou encore la Réalité Virtuelle ; nous aussi nous travaillons sur de l’industrie, mais de la vieille industrie. Alors pourquoi ne pas utiliser ces outils contemporains pour faire revivre des machines anciennes voir même des usines complètes qui ont été construites depuis la Révolution Industrielle ?
On peut même imaginer des Techno-Musées ; les musées de demain qui nous feront apprendre grâce à des machines virtuelles. Car comme le disait Malraux : «Un musée est une utopie, un lieu qui échappe à la mort ».

Bref, je pourrais vous parler de mes travaux pendant des heures car chaque chercheur est passionné par ce qu’il fait… Alors demain, si vous venez visiter l’Ecole à l’occasion de ses portes ouvertes, n’hésitez pas à questionner les chercheurs car c’est avec plaisir qu’ils partageront avec vous ce qu’ils font.
En conclusion, je souhaiterais donc simplement vous dire, que si un jour vous vous posez des questions dans votre entreprise, sachez que la recherche est là, et que la science a surement une réponse à votre problème…

Commentaires

1. Le lundi 23 février 2009, 12:42 par Ton ex-colloc

Comme il est beau mon Florent en costume... la recherche c'est bien mais le privé oblige les hommes à un effet vestimentaire très apprécié de la gente féminine...

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